Partie 3 du compte-rendu PAROLES d'HOMMES
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Intervenant : Simon-Louis LAJEUNESSE Docteur : Service Social de l’Université de Montréal
L’épreuve de la masculinité : Sport, Rituel et Homophobie
Quel est le rôle de l’homophobie (rituels et construction du genre) ?
Lors d’une étude en immersion dans le milieu sportif universitaire il en a résulté la mise en évidence de deux groupes de sportifs (hommes) :
Les grégaires et les solitaires :
Les grégaires s’affirment comme des altruistes (ensemble on représente une force ; on pousse un seul cri !) tandis que les solitaires sont plutôt de nature égoïste (ils veulent pouvoir décider eux-mêmes de tout).
Parmi les rituels observés, l’on distingue :
- Les rituels initiatiques (l’apanage des grégaires)
- Les rituels tribaux (l’apanage des grégaires)
- Les rituels apotropaïques (communs aux grégaires et aux solitaires)
La génitalité est présente dans tous les rituels et son usage augmente proportionnellement à l’homophobie ambiante. La nudité fait partie de tous les sports d’équipe (l’idée là est que tout le corps du sportif appartient à l’équipe !)
Comment se définit alors le masculin ? Réponse : de la façon suivante….
Dans la confusion
Avec le corps
Par le contraire (ne pas être une femme !)
Le sport promeut les valeurs de la masculinité hégémonique.
Pour les grégaires : il y a une identité de genre en se référant au modèle de groupe.
Pour les solitaires : une identité de genre en se référant à un modèle « Media ».
Conclusions :
Pour beaucoup d’hommes, le sport est primordial dans leur construction de genre. La question est de savoir quelles conclusions en tirer pour les clubs de sport ? Comment peut-on changer les comportements ?
Intervenant : Patrick VAN KRUNKELSVEN (médecin et sénateur Belge- Flamand)
Les hommes en sport et en politique : je veux être le premier (analogies et constat)
Il a été démontré que le taux de Testosteron dans le sang est corrélatif avec le taux de succès en sport comme en politique !
Les hommes politiques ont aussi essayé d’utiliser le Testosteron (dopage).
Cependant, le taux ne fait pas tout à lui seul : il y a beaucoup de femmes en sport et en politique qui réussissent très bien (exemple de Margaret THATCHER !)
Pourquoi alors veut-on vraiment gagner chez les hommes ? C’est l’attitude du coq ou du paon !
L’on veut d’abord impressionner les femmes. Cette dynamique joue un rôle très important dans notre société.
Intervenant : Luc VAN den BERGE Philosophe, travailleur social et psychothérapeute, Anvers
Aider les jeunes et les hommes : un double défi
Au cours de l’aide se pose le problème du dialogue : « est-ce que je suis un homme lorsque j’ai besoin d’aide ? »…quand j’ai donné une gifle à mon fils.
La question d’identité est centrale : qui suis-je ? Le sexe lorsque nait un enfant est la première question que l’on pose. (Tintin est un garçon)
Le dialogue normatif entraîne un certain nombre d’éléments car on peut perdre la face. Homme et garçon : c’est toujours un défi surtout si le Psy est une femme.
Intervenant : Vincent LIBERT Directeur : PRAXIX a.s.b.l. Bruxelles – La Louvière
Le travail avec les hommes auteurs de violence conjugale
Rassemble et organise des groupes de responsabilisation pour faits de violence conjugale.
Le programme s’étale sur 45H. Seuls des volontaires sont acceptés. Ainsi, ce ne sont pas moins de 14 groupes/semaine qui se rencontrent dans la Belgique francophone, ce qui représente un traitement administré à environ 750 personnes chaque année.
(Site WEB : www.asblpraxis.be)
Intervenants : Benoît TIRAN (et son épouse) Formateurs, Bruxelles
Où commence la violence conjugale ?
La violence est quotidienne (l’on ne peut voir la partie immergée de l’iceberg !)
Il existe la violence orientée vers l’autre (cas 1)
Il y a l’effacement, où on laisse toute la place à l’autre ! (cas 2)
Le « ping-pong » des accusations entraîne le cours classique de la montée en puissance de la violence. Cela est l’aspect le plus facile à vérifier. Puis il y a le « ping-pong » des vérités où l’on parle en « Je » (ce n’est pas encore très méchant) mais alors on ne parle que de Soi !
Le risque de passer à l’attaque devient réel (on se sent négligé).
La solution consisterait à apporter tout de suite une réponse, mais on ne dira rien et tout va ressortir à un autre moment, car le mur est toujours là. On n’est pas dans une vraie relation.
Une bonne relation doit comporter deux aspects indissociables :
- Le respect mutuel
- Des règles de respect de la vie en commun
Intervenant : Vincent COMMENNE Chef de projet RHB Dion Valmont
« Les hommes et la violence vécue » : enquête de terrain
Une enquête menée en Belgique au sein du Réseau Hommes Belgique (RHB) a dévoilé une facette de la relation entre les hommes et les femmes et la brochure des conclusions est disponible.
Convergences et divergences
Convergences :
Un même type de violence
Une dominante de la violence verbalo-psychologique
Reproduction périodique des situations de violence (rapport de force – pôle dominé)
Conséquences sur la qualité de la vie et la famille
Types de réaction dans ces situations de violence
Divergences :
Dans la vision des responsabilités
Conscience des facteurs d’origine des situations de violence
Conscience de ses besoins
Recherche d’une aide extérieure
Appréciation très positive de l’apport des Groupes d’Hommes
Une évolution s’est faite
Intervenant : Christine CASTELAIN-MEUNIER Chercheure, sociologue CADIS, CNRS Paris
Les métamorphoses du masculin
Sa recherche a porté sur le thème suivant : comment faire avancer cette dialectique des rapports hommes-femmes ?
Parmi les métamorphoses indispensables, il y a la question de la paternité. Il faut créer des groupes de parole Hommes et des groupes de parole Femmes pour engager une réflexion sur comment mieux entrer dans la parentalité. Aujourd’hui, c’est aux individus de « prendre leur place », de savoir se positionner.
Il va y avoir d’énormes inégalités sur ce plan. Tout çà va dépendre des individus eux-mêmes. En France, il est nécessaire d’allonger le congé de paternité.
Ce qui est frappant, suite à cette enquête, c’est de constater à quel point l’individu vit des moments de crise dans sa vie, à quel point il se réfugie dans des valeurs traditionnelles et voit sa partenaire de manière péjorative (cf. Notion de « Queer »)
En conclusion, un immense chantier nous attend : politiques, chercheurs, sociologues, psychologues, couples, parents, médiateurs, associations familiales, médecins, éducateurs, employeurs, syndicalistes.
Intervenant : Michel FIZE Sociologue CNRS, Paris
Père et fils : histoire d’un amour malentendu
Dans les romans français des XVIIIème et XIXème siècles on trouve déjà des réponses à nos questions contemporaines, en ce qui concerne les relations Père- fils et Père grand-fils.
Or, de nos jours :
Le Père apparaît existant, mais faible, démissionnaire, déserteur du foyer
Le fils adolescent a peu de considération à son égard
En fait, c’est la trame d’une histoire d’amour caché qui se joue, mais quel que soient le père ou le fils, le père semble toujours marquer le fils de son empreinte.
Dans la plupart des cas étudiés, 3 idées émergent d’un constat :
- Le père aime son fils et vice versa
- Il l’aime cependant autrement que sa mère
- Le fils aussi aime le père différemment de sa mère
Le fils aime peut-être son père plus que sa mère : je veux dire qu’en l’aimant d’une autre façon, il l’aime sans-doute mieux qu’il ne le fait pour sa mère. C'est-à-dire que si l’amour pour la mère est de nature quantitative, tandis que pour le père, il est de nature qualitative. D’où un plus grand risque d’être déçu selon le comportement du père, vu comme un modèle et placé sur un piédestal !
Etat du père en 2008 : En miettes !
Tant sur le plan biologique, que juridique que dans le cadre homoparental, beaucoup d’incertitudes et de troubles subsistent au sujet de la fonction paternelle. Les mères occupent une présence considérable, peut-être à cause de cette absence du père en évolution croissante.
Jadis, le père représentait l’autorité, une puissance et une présence : il incarnait la légitimité (semblable à l’autorité hiérarchique du pouvoir tel l’Etat, la police, Etc. qu’il incarnait au niveau de la cellule familiale en tous aspects).
Aujourd’hui, cela est bien différent. Nous enregistrons bien là une redéfinition du Père. Simone de Beauvoir a écrit : « on ne naît, ni père, ni mère ; on le devient par apprentissage » … à partir des besoins de l’enfant qui sont : amour, sécurité, repères.
Mais aujourd’hui deux schémas nouveaux contemporains coexistent avec le schéma parental classique: le schéma monoparental et le schéma homoparental, dont nous devons aussi tenir compte.
Or, l’enfant a besoin de l’image masculine pour se structurer mentalement. Nous nous trouvons placé face à un grand challenge à devoir résoudre impérativement pour le bien et l’avenir de notre société.
(Ouvrage de Michel FIZE à paraître prochainement : Père et fils : histoire d’un amour malentendu)
Séance en atelier
Intervenant : M. GUILLOT Professeur et auteur d’ouvrages de sociologie
ATELIER SUR LE SEXISME : « ni myso, ni misandre ! » (A partir de son ouvrage)
Quant une société est sexiste dans un sens, ce sexisme existe aussi dans l’autre sens.
Le sexisme risque de nous piéger dans notre quotidien.
Il invite notre groupe, dans cet atelier, à réfléchir ensemble sur 3 procédés qui conduisent au sexisme :
- La comparaison
- La systématisation
- Les concepts magiques (définition)
Par la comparaison, l’on peut voir, surtout au niveau des médias, que l’on ne cesse de comparer les sexes entre eux ! Cela conduit à une systématisation qui s’exprime dans notre langage : celui du sexe dominant et du sexe dominé.
Par concept magique on présente le syndrome de la double journée chez la femme, l’inégalité des salaires et le fameux « plafond de verre » (cf. son ouvrage à ce sujet).
Or rien ne mérite d’être systématisé : chaque cas est particulier. C’est la généralisation qui construit des mythes et une analyse plus fine permettrait sans doute de déduire qu’il y a de nombreux hommes qui sont entrés dans une logique de coopération visant à améliorer la relation hommes-femmes.
Voilà un atelier qui fut fort enrichissant pour ses participants, malgré tout à dominante masculine (5 hommes pour 2 femmes !) Les femmes se sont surtout plaintes de l’inégalité salariale et de l’inégalité face aux composantes sociales des structures familiales. L’un des hommes présents, un jeune cadre dynamique Belge, directeur des ressources humaine d’une grande entreprise, a affirmé que la politique de l’entreprise qui consistait à valoriser davantage le travail de l’homme, à tâche et compétences égales (et donc justifiait sa rémunération supérieure) était en train d’évoluer vers un traitement plus équitable. Gageons que cela sera appliqué.
FIN de RAPPORT
Par Christian BERNADOU©
Octobre 2008
Note :
Bruxelles : pièce de théâtre absolument à voir : Où sont les hommes ?